La ville est aussi célèbre pour la montagne qui la surplombe, le cerro rico, et les innombrables mines qui serpentent en son coeur. Depuis l'époque espagnole, on en a extrait des tonnes d'argent, d'étain et de plomb, et l'exploitation continue encore aujourd'hui. La visite des mines est un des grands moments d'un séjour à Potosi.
Mais avant de plonger dans les entrailles de la terre, nous partons à la découverte de l'histoire et de l'architecture de la ville.
Notre première visite a lieu au couvent de Santa Teresa, où résident encore un petite dizaine de religieuses carmélites. Construit entre 1685 et 1692, les familles qui souhaitaient y faire entrer leur fille (en général la cadette) devaient débourser la modique somme de 6000$ en guise de dot. Les pensionnaires entraient au couvent à l'âge de 15 ou 16 ans, et n'en sortaient plus jusqu'à la fin de leurs jours, n'ayant aucun contact visuel avec l'extérieur, comme l'exige le règlement de l'ordre carmélite.
A l'intérieur du couvent, c'est une succession de patios, de jardins, de salles richement décorées d'autel recouverts de feuille d'or et de pièces d'argenterie, des vêtement ecclésiastiques parfois brodés par les réligieuses, des tableaux...
L'église du couvent est également superbe, avec son plafond de style mudéjar et de la feuille d'or à ne plus savoir qu'en faire. Les religieuses assistaient à la messe depuis une petite chapelle attenante à l'église, séparées des fidèles par une lourd rideau.
Dans la salle à manger, le ton était donné, les soeurs mangeaient autour d'un crâne, rappelant l'inévitable finitude de la vie terrestre. Bon appétit...
La deuxième visite d'importance à Potosi a lieu à la casa de la moneda. C'est dans ce bâtiment érigé au 18ème siècle et qui s'étend sur près de 7500 m² que fut frappée la monnaie bolivienne, jusqu'en 1951. En 1930, elle fut aménagée en musée, et abrite aujourd'hui d'importantes collections dans ses sections de peinture, d'archéologie, de minéralogie ou d'argenterie.
Au début de la visite, on découvre l'oeuvre de Melchior Perez de Holguin, un des peintres les plus imortants de l'école de Potosi.

Puis vient la partie consacrée à la monnaie, où l'on présente l'évolution des pièces d'argent, pendant la période coloniale et après l'indépendance. Jusqu'en 1767, les pièces étaient frappées au marteau. Elles étaient appelées macuquinas, du mot quechua "maqaykunca" qui signifie frappées.
Puis furent introduites des presses, importées d'Europe et mues par 4 chevaux. Découvrir le mécanisme, même à l'arrêt depuis de longues années, est impressionant. A noter qu'il ne faisait pas bon être un cheval à la casa de la moneda: en raison de l'altitude et du froid, leur espérance de vie était d'à peine 6 mois.
A partir de 1869, ce sont des machines à vapeur qui ont remplacé les chevaux.
On découvre également les fours qui permettaient de faire fondre l'alliage d'argent et de cuivre dans lequel étaient fabriqués les pièces de monnaie. Pas facile à l'époque d'atteindre la température de fusion de l'argent, 960° C quand même...
La casa de la moneda comptait 11 fours, 10 utilisés pour fondre l'argent, et 1 pour fondre l'or, non produit dans la région et qui devait donc être importé depuis Cuzco ou La Paz.
La prodution de la monnaie à Potosi a pris fin en 1951, et elle est aujourd'hui produite entièrement à l'étranger: les pièces au Canada et au Chili, et les billets (Cocorico...) en France.
Le soir, pour nous remettre de l'émotion de ces visites, nous nous attablons autour de succulentes pizzas, qui brillent par leur taille comme par leur originalité: Steve opte pour la quantité et Guillaume prend des risques, avec une pizza "frutas del valle": sauce tomate, mozarella, ananas, pêche, cerise et chocolat: et en plus c'est vraiment bon...
Arrive enfin le clou de notre séjour à Potosi: la visite d'une mine du cerro rico, en l'occurence celle de el rosario, exploitée depuis 1651.
Après avoir escaladé en voiture les flancs de la montagne, nous nous engouffrons dans les entrailles de la terre, accompagnés de notre guide et affublés de bottes, combinaisons, casques et lampes frontales.
Le Cerro Rico compte aujourd'hui plus de 120 mines, dans lesquelles travaillent environ 6000 mineurs. Depuis une révolution en 1952 qui a chassé les entreprises étrangères, les mineurs sont organisés en coopératives: chacun travaille à son compte et est responsable de sa production. Au vu des cours internationaux des minéraux, seul l'argent est encore exploité aujourd'hui...
Les mineurs passent entre 8 et 12 heures par jour sur terre, ressortant avec 30 à 40 kilos de minerai sur le dos. Les conditions de travail sont effroyables, et l'espérance de vie ne dépasse pas les 45 ans: la plupart des mineurs meurent de silicose ou à cause des explosions dans les mines.
En nous enfonçant dans la mine, on comprend vite comment y travailler quotidiennement doit être pénible: il faut souvent marcher courbé en deux ou à quatre pattes, plus on descend plus la chaleur devient insoutenable, et la poussière rend l'air difficilement respirable.
Nous explorons les galeries à la recherche des mineurs, qui nous parlent un peu de leur quotidien, lorsqu'ils ne sont pas shootés à la coca et à l'alcool à 90°...
Nous découvrons aussi le personnage de El Tio, diable des profondeurs introduits par les Espagnols pour pousser les indigènes à travailler, et qui est aujourd'hui devenu le protecteur des mineurs. Ces derniers viennent lui offrir de la coca, de l'alcool, des cigarettes et des foetus de lamas (mmmh).
Si la visite des mines est passionante, on est quand même bien content de retrouver un air pur et la lumière du jour, après deux heures passées dans la pénombre.
En sortant de la mine, on aspire un grand bol d'air frais et on profite de la vue sur la ville de Potosi t sur la cime du Cerro Rico, 500 metres plus haut.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire