mercredi 24 mars 2010

Au royaume des orques, des baleines et des pingouins

Après Buenos Aires, commence la longue descente vers Ushuaia, à travers les paysages désertiques de la Patagonie. On se croirait sur les routes du centre des Etats-Unis, sans les cultures qui bordent les routes: difficile de faire pousser quoi que ce ssoit sur cette terre inhospitalière. Plusieurs milliers de kilomètres de pampa qui semblent ne devoir jamais se terminer.

Les paysages désertiques de la pampa patagonienne


Un cousin du lièvre...

Coucher de soleil sur la Patagonie

Notre voyage jusqu'en Terre de Feu sera tout de même interrompu par deux arrêts dans les villes de Puerto Madryn, sur la côte Atlantique, et d'El Calafate, encore plus au sud, pour découvrir le parc des glaciers.

Première étape donc, à Puerto Madryn. Située à mi chemin entre Buenos Aires et Ushuaia, et fondée par 153 Gallois en 1860, Puerto Madryn est une ville neuve, qui ne comptait il y a 40 ans que 4000 habitants. Ils sont aujourd'hui 120 000, mais très peu sont réellement de la région: ils arrivent de Buenos Aires, de Cordoba, de Bolivie ou du Chili.



La ville vit en grande partie de la seule usine d'aluminium d'Amérique du Sud, installée aux portes de la ville, et du tourisme, grâce à deux sites exceptionnels par leur paysage et surtout par la richesse de leur faune marine: la péninsule de Valdes et la plus grande pingouineraie du monde à Punta Tumbo. Nous resterons ici deux jours, afin de connaître ces deux merveilles.

La péninsule de Valdes, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, fut découverte par Magellan en 1520, mais les premiers occidentaux à y poser le pied furent les Espagnols en 1779, sous le commandement de Juan de la Piedra, envoyé par le roi d'Espagne pour occuper la Patagonie et éviter que d'autres puissances européennes ne viennent y installer une colonie. Les Espagnols établirent leur premier campement à Fuerto San Jose, sur la partie nord de la Péninsule.

Maquette de la peninsula Valdes






En raison du micro climat régnant sur la péninsule, du au courant chaud descendant du Brésil, on trouve autour de la péninsula Valdes une faune marine unique au monde. C'est un lieu de superlatifs et d'exceptions. Quelques exemples pour vous donner une idée:

- de juillet à décembre, quelques 800 baleines franches australes viennent dans les deux golfes de la Péninsule pour donner naissance à leur petit. Nous ne sommes pas passés à la bonne saison, mais nous reviendrons pour profiter de ce spectable exceptionnel.



Un squelette de baleine franche exposé dans le musée à l'entrée de la péninsule

- la péninsule possède la seule colonie continentale d'éléphants de mer au monde, avec des spécimens pouvant mesurer jusqu'à six mètres et peser jusqu'à trois tonnes. A notre arrivée, la plupart des éléphants avaient quitté la péninsule, mais nous avons pu observer de nombreux lions de mer, qui tirent leur nom des cris qu'ils poussent, semblables aux rugissements d'un lion, et de la crinière que possèdent les mâles.

Lors d'un tour en bateau dans une baie de la péninsule, nous découvrirons surtout les femelles et les petits, les mâles dominants ayant déjà regagné le large après avoir assuré leur fonction reproductrice.


Petite vue de la baie avant de monter dans le bateau

Prêt à embarquer...



Un de ces mâles dominants possède un harem comptant en moyenne 60, et jusqu'à 100 femelles. Sa mission consiste, pendant un mois et demi (la durée d'allaitement des nouveaux-nés), à copuler avec chacune d'entre elles afin de toutes les féconder. Une fois ce dur labeur terminé, Monsieur se casse: dure dure la vie de lion de mer. Ne restent donc ensuite que les femelles, les nouveaux-nés (issus de la reproduction de l'année précédente, la gestation des femelles lions de mer durant 12 mois), et quelques jeunes mâles s'entraînant à la gestion d'un harem pour pouvoir assurer l'année suivante.


Les bébés lions de mer a nager apprennent a nager dans de petites piscines artificielles du littoral




Avant de rentrer au port, petite sortie dans les eaux (bien fraiches) de la Patagonie, avec combinaison, palmes, masque et tuba...







- plusieurs espèces de dauphins peuvent aussi être observés, en fonction de la saison et avec un peu de chance... Le plus impressionant d'entre eux est certainement l'orque, le membre le plus grand et le plus intelligent de la famille des dauphins. Situés tout en haut de la chaîne alimentaire, les orques peuvent manger tout le monde (phoques, pingouins, baleines, requins...) et n'ont aucun prédateur. Ils vivent en famille, et peuvent atteindre l'âge de 50 ans. La péninsule de Valdes est également un lieu unique pour l'observation des orques, car il s'agit du seul endroit au monde où ils utilisent une technique de chasse consistant à venir s'échouer sur la place pour attraper un bébé phoque, avant de regagner la mer d'un coup de nageoire. Il n'existe dans le monde entier que 7 orques qui maîtrisent cette technique. Assister en direct à une telle scène est donc une chance exceptionnelle, que nous n'aurons malheureusement pas. Il faudra revenir pour voir les seigneurs des mers.

Une photo d'attaque: il va sans dire qu'elle n'est pas de nous...

Allez voir cette vidéo, elle est impressionante...

http://www.youtube.com/watch?v=DWsN63PRCW8

Mais écouter les gardes de la péninsule nous raconter les histoires de ces animaux est déjà incroyable. Ils sont capables de reconnaître les 25 orques qui s'approchent parfois des côtes de la péninsule, et leur ont donné à chacun un nom. Nous découvrirons ainsi l'histoire de Mel, un orque de 49 ans, un des rares à maîtriser la technique de l'attaque sur sable. Atteint d'une infection qui altère sa vue, il chasse désormais accompagné de sa petite soeur, qui lui sert d'yeux. Il lui apprend en même temps la technique de chasse, afin qu'elle puisse la pratiquer lorsqu'il aura disparu.

Le deuxième jour, nous partons en direction de Punta Tumbo, à 200 kilomètres au sud de Puerto Madryn. En chemin, nous nous arrêtons pour une excursion en bateau qui nous amène à la découverte des toninas, les plus petits membres de la famille des dauphins, reconnaissable à leur corps blanc et à leur tête et leurs ailettes noires. Difficile de prendre en photo ces animaux insaisissable, qui filent à toute vitesse autour du bateau. Mais l'on profite de l'instant magique où le dauphin, pour saluer ces étranges visiteurs, bondit quatre ou cinq fois de suite hors de l'eau.


Devinez laquelle des deux photos précédentes n'est pas de nous...


Arrivés à Punta Tumbo, nous découvrirons un autre spectacle incroyable: la plus grande pinguineraie du monde, qui peut compter jusqu'à 900 000 individus. En mars, la plupart des petits, nés en janvier, ont déjà gagné le large pour aller s'alimenter près des côtes brésiliennes, et il ne reste plus qu'un quart de la colonie, pour la plupart des couples attendant que tombe leur pelage d'été pour regagner la haute mer. On a du mal à imaginer le spectacle de la colonie au complet, au vu des innombrables pingouins qui se promènent ou font la sieste autour de nous.






Grâce à notre guide, nous apprenons aussi beaucoup sur cet animal fascinant. Le pingouin est très fidèle, et garde la même partenaire tout au long de sa vie, jusqu'à ce que la mort les sépare.
A la fin du mois d'août, les mâles arrivent en premier et aménagent le nid familial, utilisé année après année. Une semaine plus tard, les femelles arrivent, et commence alors un incroyable spectale de chants et de danses qui permet à chacun de retrouver sa compagne. En octobre, chaque femelle pond deux oeufs, que le couple couvera jusqu'à leur éclosion en janvier.





Il faudra donc revenir à Puerto MAdryn, pour voir des orques, des baleines ou des éléphants de mer, mais nous continuons notre descente vers l'extrême sud du continent avec des magnifiques images plein la tête.

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