jeudi 11 mars 2010

La mission jésuite de San Ignacio

En route vers les chutes d'Iguazu, dans le nord de l'Argentine, nous faisons une brève halte au village de San Ignacio, pour visiter les ruines de la mission jésuite-guarani de San Ignacio Mini, la mieux conservée des 30 qui furent construites dans la région, sur les territoires actuels de l'Argentine, du Paraguay et du Brésil.



Le lieu a été beaucoup endommagé par le temps et les pillages, mais un grand travail de restauration a été effectué, et découvrir l'histoire ce cette mini colonie est réellement passionant.

Maquette de la mission de San Ignacio dans toute sa splendeur passée

L'ordre des Jésuites, fondés par Ignacio de Loyola en 1540, fit de l'éducation et de la propagation de la foi chrétienne sa mission principale.

San Ignacio de Oyola, fondateur de l'ordre des Jesuites


L'emblême de l'ordre des Jésuites: les lettres I H S signifient "Jésus, homme sauveur" en latin.


Promettant une obéissance absolue au pape, ils furent envoyés aux quatre coins de la planète, arrivant en Inde en 1541, au Japon en 1580 et sur le territoire de l'actuelle Argentine en 1585.

Pour convertir les populations locales au catholicisme, les Jésuites avaient recours à trois grands piliers: maintenir certains traits de la culture indigène en les incorporant à la foi chrétienne, apprendre la langue locale qui était la langue officielle, et utiliser l'art comme moyen d'évangélisation (en l'occurence l'art baroque importé d'Europe).

Ce mélange des cultues se ressent par exemple dans la musique jouée dans les missions, au confluent des influences européennes et guarani.

Les Jésuites jouèrent un rôle très important dans la colonisation espagnole en Amérique du Sud. Un rôle trop important sans doute, puisque le jeu politique les fit expulser du continent, sur ordre du roi d'Espagne Charles III, en 1768.

La première mission jésuite guarani fut fondée en 1609, celle de San Ignacio un an plus tard, en 1610, par deux père jésuites italiens. Elle était la plus petite des missions jésuites de la région, mais s'étendait sur 8 hecares et comptait tout de même quelques 4500 habitants, pour seulement deux jésuites: ces derniers assuraient leur autorité grâce à une organisation extrêmement pyramidale.
Dans les 30 mission Jésuites que comptait la région, vivaient en 1732 plus de 140 000 personnes.








Pour les populations guaranis, vivre à la mission présentait des avantages et des inconvénients: ils étaient moins libres et la cohabitation avec d'autres clans n'était pas toujours facile, mais ils avaient de la nourriture en quantité suffisante, leur enfants pouvaient aller à l'école, et ils étaient mieux protégés contre les paulistas, les chasseurs d'esclaves brésiliens qui capturaient les indigènes pour les faire travailler dans leurs haciendas. On découvre notamment l'histoire de la bataille de Mboboré en 1641, lors de laquelle les guaranis, conseillés par les Jésuites (pour beaucoup d'ancien chefs militaires) défirent une expédition de 3000 Portuguais sur le rio Uruguay.

La mission de San Ignacio était une véritable petite ville, avec une organisation très symétrique. Au centre, l'église, entourée du cimetière, du cloître des Jésuites et de l'école. Autour, étaient disposées les habitations des indigènes, de grandes baraques aux murs de pierre et au toit de tuile, ainsi que des entrepôts, des ateliers pour l'artisanat, des vergers et des champs pour cultiver le blé ou l'herbe servant à préparer le maté, et même un orphelinat.

La facade de l'eglise de la mission





Dans la mission, tout était fait pour développer la vie en communauté. Le travail des champs et l'artisanat étaient à la charge des hommes, alors que les femmes s'occupaient de tout ce qui tournait autour de la maison. Tous participaient en revanche aux travaux artistiques et religieux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire