samedi 30 janvier 2010

Les îles du lac Titicaca

Jeudi 28 janvier, nous partons pour une excurson de deux jours sur les îles du lac Titicaca.



Le premier arrêt a lieu sur deux îles flottantes, anciennement occupées par le peuple Uros. La dernière Uros est mortes il y a 50 ans et l'endroit est devenu extrêmement touristique, ressemblant parfois à un Disneyland flottant. Contrairement aux îles d'Amantani et de Taquile que nous découvrirons plus tard, les habitants des îles en font trop, à tel point qu'on se sent parfois mal à l'aise.

Bateau grand luxe pour touristes, a deux etages s'il vous plait...

Mais même si la visite fait un peu artificielle, il est intéressant de découvrir le mode de vie du peuple Uros, et les techniques de construction de ces petites îles flottantes. Environ 2000 habitants vivent sur 45 îles, qui disposent aujourd'hui d'un petit hôpital et d'une école, elles aussi flottantes.
En cas de crise d'appendicite sur les iles flottantes, c'est la ou on vous emmene...



Les Uros vivaient à l'origine sur les bords du lac Titicaca, mais il y a environ 900 ans, ils furent chassés par la civilisation Tiwanaku. Ils décidèrent donc d'aller vivre sur le lac, construisant leur maison sur de grandes pirogues en jonc. Peu à peu, ils perfectionnèrent leurs techniques de construction, jusqu'à être capables de bâtir des îles flottantes grâce au totora, sorte de jonc poussant sur le lac et mesurant entre 5 et 8 mètres de haut.







A notre arrivée sur la première île flottante, on nous explique le processus de construction de ces îles. Dans les parties les moins profondes du lac, les habitants coupent les racines des totoras, permettant ainsi à de gros blocs de terre de se détacher et de commencer à flotter. Ils attachent ensuite solidement les différents morceaux, puis disposent sur le tout plusieurs couches de totoras. Ils peuvent ensuite construire sur le tout leur maisons, elles aussi faites de totora. A noter que cette plante se mange: pas beaucoup de goût, mais quand on est bloqué sur une île flottante, on n'est pas trop regardant...


Petite demonstration de construction par Mr President de l'ile flottante



Pour éviter que les îles ne dérivent, elles sont amarées à l'aide de grosses pierres. Chacune des îles est indépendante et possède un président: c'est lui qui décide du moment propice pour larguer les amarres, lorsqu'il juge intéressant de changer d'endroit sur le lac.

On nous parle aussi des activités principales des Uros:
- la pêche: on trouve dans le lac Titikaka 5 espèces de poissons natifs, plutôt petits, et deux espèce de truite introduites du Canada, et qui peuvent mesurer jusqu'à 1,5 mètre.
- la chasse des oiseaux du lac. Pas de frigidère sur les Uros, les habitants sont donc obligés de faire sécher et de saler la viande pour la conserver.
Ouais, pas tres apetissant quand meme...

La seule électricité dont disposent les habitants provient de panneaux solaires offerts par l'ancien président Fujimori, et qui permettent de faire fonctionner quelques lampes et téléviseurs.


- la collecte des oeufs des mêmes oiseaux

Les Aymaras qui ont remplacé les Uros sur les îles flottants ont à notre avis un peu laissé de côté ces passe-temps bucoliques pour se concentrer sur la manne touristique qui afflue ici mais chut, il ne faut pas le dire trop fort. Un point intéressant tout de même, ils continuent à boire l'eau du lac, comme les anciens Uros.

Une fois quitées les îles flottantes, nous reprenons le bateau pour un trajet de trois heures nous amenant jusqu'à l'île d'Amantani, où nous passerons la nuit. Sur cette île vivent 10 communautés différentes, qui se différencient par la couleur de leurs vêtements.
Seuls 10% des habitants d'Amantani se consacrent à la pêche, les autres sont agriculteurs, artisans en textile, ou bien travaillent la pierre. A Amantani, on rencontre plus de femmes que d'hommes. Ce sera le contraire sur l'île de Taquile: c'est pour cela qu'Amantani représente la féminité et Taquile la virilité.

Ici l'accueil est beaucoup plus simple et naturel que sur les îles flottantes. Les touristes sont répartis entre les familles de l'île, qui leur offrent un lit et à manger le temps du séjour sur l'île.

A Amantani pas d'electricite, on s'eclaire a la bougie

Après avoir pris possession de nos quartiers et avoir dégusté un succulent plat de riz-patate, nous partons pour une petite marche vers le sommet de l'île, où se dresse le Pachatata, un temple où au moment des solstices d'hiver et d'été, on réalisait des offrandes en l'honneur du dieu Soleil. Si les ruines sont moins impressionantes que celles découvertes dans d'autres endroits du Pérou, la promenade n'en est pas moins fort agréables, et la vue sur l'immensité bleutée du lac Titicaca est à la hauteur de nos espérances.






Steve risque sa vie pour la traditionnelle photo Monsieur et Madame...


Ca valait la peine non?



Vos deux bergers peruviens preferes (le deguisement est presque parfait non?)


Redescendus vers la place principale du village, nous rentrons manger avec notre famille d'accueil, avant de repartir pour une petite fête organisée par les habitants de l'île. Affublés de ponchos et de bonnets colorés pour les hommes, et de costumes traditionnels pour les femmes, nous apprenons les danses de l'île, sorte de grande farandole endiablée, au rythme des guitares, des flûtes de pan et des chants d'un orchestre de musiciens d'Amantani. Pas facile pour les habitants qui doivent répéter le même cérémonial tous les soirs, mais tout ceci est fait avec gentillesse et bonne humeur, ce qui rend la chose vraiment amusante.







Pendant que nous dansons, un énorme orage s'abat sur l'île. En sortant, nous constatons qu'une couche blanche s'est déposée sur le sol et les toits des maisons. Cela ressemble fort à de la neige, mais à y regarder de plus près, il s'agit de gros grêlons... Une habitante d'Amantani nous confiera que c'est la première fois de sa vie qu'une telle chose se produit sur l'île en cette saison: décidemment ces derniers temps, le ciel n'en fait qu'à sa tête...


Alors on se la fait cette bataille de boules de neige?

Le lendemain matin, nous partons pour l'île de Taquile. Nous n'y passerons que quelques heures, qui nous suffiront cependant à nous promener dans les sentiers de l'île, à découvir de nouveaux panoramas superbes sur le lac, et de déguster une succulente trucha a la plancha, fraîchement pêchée du lac.









Sur la place centrale de l'ile, on indique les distances avec les grandes capitales mondiales...

Snif, on est quand meme loin de chez nous...


Les habitants de Taquile sont quechuas, descendants directs des Incas. L'île a toujours été réputée pour la grande qualité des textiles qui y étaient fabriqués. C'est ici qu'étaient produits la majorité des vêtements utilisés par l'Inca et les hauts dignitaires de l'empire. L'art du textile sur Taquile est d'ailleurs aujourd'hui classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Et tout le monde apprend à tisser dès l'âge de 5 ans.

Steve dans un magnifique gilet Taquilenien

A Taquile, les vêtements sont d'ailleurs encore aujourd'hui d'une importance cruciale, car il donne de nombreuses informations sur la personne qui les porte. Les hommes mariés portent ainsi un bonnet entièrement rouge, alors que le couvre-chef des célibataires est mi rouge mi blanc. Les jeunes filles à marier se couvrent quant à elle le visage d'un châle: inutile d'essayer de croiser leur regard, elle pense que si vous les regardez dans les yeux, vous leur volerez toute leur énergie.

C'est aussi de l'île de Taquile qu'étaient originaires la plupart des femmes de l'Inca. Celui-ci avait environ 20 femmes, qui à sa mort, étaient toutes sacrifiées: les Incas croyaient à la réincarnation et pensaient ainsi que les femmes de l'Inca pourraient l'accompagner dans sa prochaine vie.

Le ventre rempli et des images superbes plein les yeux, nous descendons le long escalier descendant vers le port principal de Taquile, pour reprendre le bateau qui nous ramènera à
Puno.



mercredi 27 janvier 2010

A Puno, sur les bords du lac Titicaca

Suite à la montée des eaux à Cuzco, nous voilà donc réfugiés pour quelques jours à Puno, sur les bords du lac Titicaca. Nous retournerons dans l'ancienne capitale inca pour récupérer nos affaires et partir pour la Bolivie plus tôt que prévu, la solution au Machu Pichu ne s'étant guère améliorée...

Nous arrivons à Puno en milieu d'après-midi, et après une rapide collation, nous commençons à arpenter les rues de la ville. Contrairement à Cusco ou Arequipa, l'architecture de Puno ne présente aucun charme particulier, mis à part peut-être quelques ruelles en pente.



En revanche, pour les courageux qui osent monter les longs escaliers qui y mènent, un mirador offre une vue superbe sur le lac, sur les toits de la ville et les montagnes qui l'entourent.



En haut des escaliers se dresse un condor géant

Nous arrivons au sommet bien essouflés (cela grimpe dur et on est tout de même à près de 4000 mètres d'altitude), mais heureux face au panorama qui s'étend à nos pieds.











Nous voilà enfin face à ce lac au nom mystérieux, qui suscita pendant des années notre curiosité d'enfants et d'adolescents. A près de 4000 mètres au dessus-du niveau de la mer, le lac Titicaca est le plus haut lac navigable du monde. C'est aussi le deuxième plus grand en superficie. En langue Aymara, "Titi" signifie puma: on constate en effet, en retournant une carte du lac, que la forme de celui-ci ressemble étrangement à cet animal.

C'est quand même plus facile en descendant les escaliers...

Le lendemain matin, nous retrouvons par hasard au petit déjeuner deux volontaires belges de la casa hogar, Valérie et Lio, qui séjournent dans le même hôtel que nous: merci les conseils du routard. Nous passerons avec elles quelques soirées agréables dans les bars de la ville, et nous promettons de nous revoir pour découvrir ensemble le Salar de Uyuni, le grand désert de sel bolivien, à la fin du mois de février.

Nos tartines beurre confiture et nos oeufs brouillés une fois engloutis, nous partons pour une petite excursion vers le site archéologique de Sillustani, à une heure de route environ du centre-ville.



Sillustani était un site funéraire utilisé par les Incas et les civilisations qui les ont précédé. Ce cimetière était réservé à une élite qui, en se faisant enterrer ici, cherchait à se rapprocher du ciel. Sur le site se dressent de nombreuses constructions funéraires, sortes de tours qui pouvaient atteindre jusqu'à 12 mètres de haut.




On les appelait Ayahuasi (en quechua, Aya signifie maison et Huasi mort). Elles comporent toute une petite porte orientée vers l'est, par où l'on faisait entrer le mort. L'est était symbole de vie et donc de réincarnation, à laquelle croyaient les civilisations incas et pré incas.




Ca même le routard ne sait pas ce que c'est...

Sur certaines tours, des gravures d'animaux (un serpent, un lézard), ont réussi à traverser les âges et à résister à l'érosion du temps.


Le chemin passe également près des restes d'un Intiwatana, un temple inca circulaire dédié au dieu Soleil, Inti.


Des troupeaux d'alpacas et de brebis (nos yeux de spécialistes les différencients désormais, en serez-vous aussi capables?) nous tiennent compagnie sur le chemin qui parcourt les restes archéologiques.



Nous découvrons aussi avec atendrissement un bébé alpaca tenant à peine sur ses jambes: le berger nous confiera qu'il a a peine une semaine...



Le site de Sillustani est construit sur une presqu'île, et la vue donnant sur les lagunes qui l'entourent est à couper le souffle. Aucune ride ne vient troubler la surface de l'eau, et il se dégage de ce lieu une impression de calme et de sérénité impressionantes. On pourrait s'asseoir ici et se contenter de dévorer des yeux, des heures durant, ce paysage magnifique.











Une fois de retour à Puno, nous passons une bonne partie de l'après-midi à flâner dans les travées du marché artisanal de la ville, à la recherche d'un poncho. Nous finissons par trouver notre bonheur: vous aurez donc le plaisir de nous voir déguisés en bergers péruviens lors des articles suivants.