Le premier arrêt a lieu sur deux îles flottantes, anciennement occupées par le peuple Uros. La dernière Uros est mortes il y a 50 ans et l'endroit est devenu extrêmement touristique, ressemblant parfois à un Disneyland flottant. Contrairement aux îles d'Amantani et de Taquile que nous découvrirons plus tard, les habitants des îles en font trop, à tel point qu'on se sent parfois mal à l'aise.
Mais même si la visite fait un peu artificielle, il est intéressant de découvrir le mode de vie du peuple Uros, et les techniques de construction de ces petites îles flottantes. Environ 2000 habitants vivent sur 45 îles, qui disposent aujourd'hui d'un petit hôpital et d'une école, elles aussi flottantes.
Les Uros vivaient à l'origine sur les bords du lac Titicaca, mais il y a environ 900 ans, ils furent chassés par la civilisation Tiwanaku. Ils décidèrent donc d'aller vivre sur le lac, construisant leur maison sur de grandes pirogues en jonc. Peu à peu, ils perfectionnèrent leurs techniques de construction, jusqu'à être capables de bâtir des îles flottantes grâce au totora, sorte de jonc poussant sur le lac et mesurant entre 5 et 8 mètres de haut.
A notre arrivée sur la première île flottante, on nous explique le processus de construction de ces îles. Dans les parties les moins profondes du lac, les habitants coupent les racines des totoras, permettant ainsi à de gros blocs de terre de se détacher et de commencer à flotter. Ils attachent ensuite solidement les différents morceaux, puis disposent sur le tout plusieurs couches de totoras. Ils peuvent ensuite construire sur le tout leur maisons, elles aussi faites de totora. A noter que cette plante se mange: pas beaucoup de goût, mais quand on est bloqué sur une île flottante, on n'est pas trop regardant...
Pour éviter que les îles ne dérivent, elles sont amarées à l'aide de grosses pierres. Chacune des îles est indépendante et possède un président: c'est lui qui décide du moment propice pour larguer les amarres, lorsqu'il juge intéressant de changer d'endroit sur le lac.
On nous parle aussi des activités principales des Uros:
- la pêche: on trouve dans le lac Titikaka 5 espèces de poissons natifs, plutôt petits, et deux espèce de truite introduites du Canada, et qui peuvent mesurer jusqu'à 1,5 mètre.
- la chasse des oiseaux du lac. Pas de frigidère sur les Uros, les habitants sont donc obligés de faire sécher et de saler la viande pour la conserver.
La seule électricité dont disposent les habitants provient de panneaux solaires offerts par l'ancien président Fujimori, et qui permettent de faire fonctionner quelques lampes et téléviseurs.
- la collecte des oeufs des mêmes oiseaux
Les Aymaras qui ont remplacé les Uros sur les îles flottants ont à notre avis un peu laissé de côté ces passe-temps bucoliques pour se concentrer sur la manne touristique qui afflue ici mais chut, il ne faut pas le dire trop fort. Un point intéressant tout de même, ils continuent à boire l'eau du lac, comme les anciens Uros.
Une fois quitées les îles flottantes, nous reprenons le bateau pour un trajet de trois heures nous amenant jusqu'à l'île d'Amantani, où nous passerons la nuit. Sur cette île vivent 10 communautés différentes, qui se différencient par la couleur de leurs vêtements.
Seuls 10% des habitants d'Amantani se consacrent à la pêche, les autres sont agriculteurs, artisans en textile, ou bien travaillent la pierre. A Amantani, on rencontre plus de femmes que d'hommes. Ce sera le contraire sur l'île de Taquile: c'est pour cela qu'Amantani représente la féminité et Taquile la virilité.
Ici l'accueil est beaucoup plus simple et naturel que sur les îles flottantes. Les touristes sont répartis entre les familles de l'île, qui leur offrent un lit et à manger le temps du séjour sur l'île.
Après avoir pris possession de nos quartiers et avoir dégusté un succulent plat de riz-patate, nous partons pour une petite marche vers le sommet de l'île, où se dresse le Pachatata, un temple où au moment des solstices d'hiver et d'été, on réalisait des offrandes en l'honneur du dieu Soleil. Si les ruines sont moins impressionantes que celles découvertes dans d'autres endroits du Pérou, la promenade n'en est pas moins fort agréables, et la vue sur l'immensité bleutée du lac Titicaca est à la hauteur de nos espérances.
Vos deux bergers peruviens preferes (le deguisement est presque parfait non?)
Redescendus vers la place principale du village, nous rentrons manger avec notre famille d'accueil, avant de repartir pour une petite fête organisée par les habitants de l'île. Affublés de ponchos et de bonnets colorés pour les hommes, et de costumes traditionnels pour les femmes, nous apprenons les danses de l'île, sorte de grande farandole endiablée, au rythme des guitares, des flûtes de pan et des chants d'un orchestre de musiciens d'Amantani. Pas facile pour les habitants qui doivent répéter le même cérémonial tous les soirs, mais tout ceci est fait avec gentillesse et bonne humeur, ce qui rend la chose vraiment amusante.
Pendant que nous dansons, un énorme orage s'abat sur l'île. En sortant, nous constatons qu'une couche blanche s'est déposée sur le sol et les toits des maisons. Cela ressemble fort à de la neige, mais à y regarder de plus près, il s'agit de gros grêlons... Une habitante d'Amantani nous confiera que c'est la première fois de sa vie qu'une telle chose se produit sur l'île en cette saison: décidemment ces derniers temps, le ciel n'en fait qu'à sa tête...
Le lendemain matin, nous partons pour l'île de Taquile. Nous n'y passerons que quelques heures, qui nous suffiront cependant à nous promener dans les sentiers de l'île, à découvir de nouveaux panoramas superbes sur le lac, et de déguster une succulente trucha a la plancha, fraîchement pêchée du lac.
Les habitants de Taquile sont quechuas, descendants directs des Incas. L'île a toujours été réputée pour la grande qualité des textiles qui y étaient fabriqués. C'est ici qu'étaient produits la majorité des vêtements utilisés par l'Inca et les hauts dignitaires de l'empire. L'art du textile sur Taquile est d'ailleurs aujourd'hui classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Et tout le monde apprend à tisser dès l'âge de 5 ans.
A Taquile, les vêtements sont d'ailleurs encore aujourd'hui d'une importance cruciale, car il donne de nombreuses informations sur la personne qui les porte. Les hommes mariés portent ainsi un bonnet entièrement rouge, alors que le couvre-chef des célibataires est mi rouge mi blanc. Les jeunes filles à marier se couvrent quant à elle le visage d'un châle: inutile d'essayer de croiser leur regard, elle pense que si vous les regardez dans les yeux, vous leur volerez toute leur énergie.
C'est aussi de l'île de Taquile qu'étaient originaires la plupart des femmes de l'Inca. Celui-ci avait environ 20 femmes, qui à sa mort, étaient toutes sacrifiées: les Incas croyaient à la réincarnation et pensaient ainsi que les femmes de l'Inca pourraient l'accompagner dans sa prochaine vie.
Le ventre rempli et des images superbes plein les yeux, nous descendons le long escalier descendant vers le port principal de Taquile, pour reprendre le bateau qui nous ramènera à
Puno.